Il y a déjà quantité d’articles sur la culpabilité maternelle qui fleurissent sur la toile. Celui-ci ne sera qu’un parmi tant d’autres, je ne pense en aucun cas trouver le sujet du siècle. Je me dis simplement que plus il y aura de témoignages sur le sujet, plus les mentalités évolueront… Si elles évoluent un jour.
Il est de notoriété publique que les parents, notamment les jeunes parents ou encore les parents d’un premier enfant sont sujets à des pressions, remarques (souvent malvenues), impromptues et injustifiées. Je ne minimiserais en aucun cas la pression mise sur le dos des pères, bien présente également je suppose. Seulement, le fait que la nature m’ait dotée d’attributs sexuels féminins fait que je suis davantage touchée par les sujets maternels.
Cette parenthèse étant faite, rentrons dans le vif du sujet.
Avant la grossesse : les prémices de la culpabilité maternelle
Par expérience personnelle et aux vues des témoignages d’amies, la culpabilité maternelle s’installe évidemment lors de la grossesse. Et même parfois avant celle-ci !
Avant la grossesse, ou pour toute femme n’ayant pas d’enfant, l’humanité trouvera toujours mille choses à redire sur votre condition de femme. « Commeeeent ? Vous ne souhaitez pas d’enfant ?? », « Mais qu’entends-je ? Cette femme à 41 ans et souhaite tomber enceinte ? », « Mais voyooooons, votre horloge biologique tourne, il serait temps de penser à procréer très chère… ». Toutes ces gentilles phrases que la tante Georgette, farcie de champagne et de bonnes intentions, aura la bonté de vous offrir lors du dîner de Noël. Sacrée tante Georgette.
Mais voilà, certaines personnes ne peuvent biologiquement pas avoir d’enfant, d’autres ne le souhaitent pas, d’autres ont peut-être perdu un bébé ou d’autres encore ne se sentent pas prête et de toute façon, Tata Georgette, franchement… ton avis, on s’en fout (mais on t’aime quand même). Il faudrait parfois réfléchir avant de parler, au risque de blesser bien bien fort.
Pendant la grossesse
Pendant la grossesse, personnellement, j’en ai entendu des vertes et des pas mûres. Il y a ceux qui se sentent responsable de mon bébé en m’interdisant de tremper mes lèvres dans le verre de bière de mon amoureux (allant jusqu’à me prendre le verre des mains), ceux qui ont déjà eu des enfants et qui te donnent toutes sortes de critiques sur ta façon de vivre ta grossesse.
Les « Olala, tu as mauvaise mine, tu aurais pu te maquiller » (merci maman <3), « Tu ne grossis pas assez, tu manges ? », « Moi ma grossesse était MER-VEIL-LEUSE, j’étais radieuse ! », « Noooon, n’achètes pas ça, achète plutôt ça », « Mais vous n’avez pas encore commencer l’acide folique, vous êtes inconsciente ! » (une des nombreuses fois où je me suis sentie comme une assassin, ou la maman d’un futur petit être difforme et mourant) et encore les « En minishort et enceinte, quelle vulgarité » (Je précise que j’étais enceinte de 7 mois pendant la canicule de 2015, comme si j’avais encore l’impression de devoir me justifier auprès du monde entier), les regards de haut sur mon visage, puis sur mon ventre, parce que visiblement, je n’avais pas le droit d’être enceinte à mon âge… Ouais.
Les gens, ils se rendent compte qu’avec l’explosion d’hormones que l’on subit pendant 9 mois, on a juste envie de leur crever les yeux avec des fourchettes ? Alors il faut aussi réfléchir avant de parler aux femmes enceintes. Des conseils : c’est bien, des injonctions / ordres / critiques / jugements … c’est MOISI.
L’accouchement
Pendant l’accouchement, c’était sincèrement incroyable. Le pompom, la cerise sur le gâteau… Je pense que cela méritera un article entier. J’ai besoin d’y réfléchir car parler de mon expérience sera une épreuve et un exploit, pour sûr et le sujet me tire des larmes encore chaque fois.
Les premiers temps avec le mouflet <3
Après l’accouchement. Voilà. On y est.
C’est à ce moment-là que j’ai appris que l’intégralité des femmes (et même parfois des hommes) sont des professionnels de la petite enfance. Quelle découverte !
Dès ma première sortie avec ma fille portée en écharpe, j’ai commencé à avoir des remarques. Attention aux âmes sensibles ou aux amateurs de paroles poétiques pour ce qui va suivre. Mais vous savez, parfois la vulgarité, ça permet de se décharger de certaines choses.
Par exemple
– « Olala, ça me parait si serré cette écharpe, elle ne peut pas respirer ! » Parce que tu crois que mon ventre, c’était une piscine olympique, conasse ?
– « Mais vous la sortez comme ça, sans rien sur le visage ? Avec cette pollution il faut lui mettre un petit foulard sur la tête ! » Oui, c’est bien connu, les foulards sont des filtres à microparticules. En plus, avec un foulard sur la tête on est hyper à l’aise pour respirer.
– Il y a aussi la dame qui a arrêtée sa voiture en plein milieu de la route, a ouvert sa fenêtre pour me hurler (littéralement, à travers la rue et devant tout le monde) « NAN MAIS ELLE N’EST PAS ASSEZ HABILLÉE ! ». Je sortais à l’instant, j’étais sur le trottoir en train de mettre un bonnet sous la capuche de son manteau (qui avait en plus une couverture). Je crie donc à cette femme (comme si j’avais encore une fois besoin de me justifier) qu’elle avait sa capuche et n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que cette furie ajouta « ET BEIN, C’EST PAS ASSEZ ! ». J’étais tellement énervée et pleine d’incompréhension que j’ai mis plusieurs heures à me calmer. Les gens ont des vies vraiment minables qu’ils se sentent obligés de gérer celle des autres, sans prendre le temps de réellement s’interroger sur la situation. J’ai eu envie de sortir cette femme de la voiture, de la secouer jusqu’à que son cerveau se remette d’aplomb.
– J’ai eu droit aussi aux gros abrutis se sentant obligés de juger ma vie, par rapports à leurs critères personnels. Je me promenais avec ma poussette (et mon mouflet dedans) lorsque deux hommes d’une trentaine d’année m’ont crié « Olala, maman si jeune, c’est dommage hein ! ». Heu. QUOI ? Encore une fois, en maman coupable que je suis, je me suis entendu leur répondre que j’avais 28 ans. C’est sorti tout seul. On m’a souvent dit que je faisais plus jeune que mon âge (ce qui ne me pose aucun souci évidemment) mais là, c’était davantage un jugement sur ma façon de mener ma vie. Parce que assurément l’avis de deux ados mal sapés m’intéresse !
Si j’avais eu leur avis éclairé plus tôt, j’imagine que ma vie aurait été considérablement différente… Parce que se sentir prête à fonder une famille avec la personne que l’on aime, ne devrait pas être d’actualité avant les 30 ans d’une femme (mais pas après ses 35 ans, selon tante Georgette)… Incroyable. Et si je n’avais pas eu d’enfant et que j’avais profité de cette période pour vivre des expériences amoureuses, ces mêmes personnes m’auraient très probablement traités de tous les noms. Vous savez, c’est exactement ceux qui te demandent ton numéro, qui t’insultent et te menace si tu ne réponds pas. Qui te disent « Je suis pas jaloux » si tu leur dis que tu es avec quelqu’un, et qui te traiteront comme de la m*rde si tu réponds à leurs avances. D’ailleurs je rassure ces deux personnes qui s’intéressaient apparemment de près à mon bonheur : Je m’amuse très bien dans ma vie actuelle.
– Il y a eu cette fois dans le tram où Rose a lâché sa tétine en dormant. A cette époque, elle n’arrivait pas encore à la garder seule. Elle se réveillait souvent en sursaut et en larme lorsqu’elle sentait qu’elle l’avait perdu. J’avais pris le réflexe de la lui remettre délicatement avant que ça ne la réveille. Parfois elle la reprenait avec frénésie, parfois elle n’avait pas de réaction. Dans ce cas je la reposais à côté d’elle. Voilà donc cette sucette qui tombe, la maman agile que je suis qui la récupère et qui la re-propose en la posant doucement contre la bouche de mon bébé. Et voilà donc, cette vieille femme à côté de moi « Ah mais non ! Elle ne la veut pas, vous voyez bien enfin ! ». Vous avez déjà vu quelqu’un assassiner quelqu’un d’autre rien qu’en la regardant ? Là, vous auriez été témoin d’une expérience surnaturelle
– « Oh mais le doudou on le laisse dans le lit voyons ! » (En s’adressant directement à Rose, 2 ans, en pleine angine + 39°c de fièvre qui avait visiblement besoin d’avoir ce fameux doudou avec elle).
Il y a aussi toutes ces fois où l’on entend :
- « Vous la prenez trop dans vos bras ».
- « Comment ça vous n’allaitez pas ? ».
- « Vous ne la prenez pas assez dans vos bras ».
- « Vous ne la nourrissez pas assez ».
- « Elle mange trop cette petite ».
- « Vous n’utilisez pas la meilleure marque de biberon ».
- « Vous allaitez encore à cet âge ? ».
Toutes ces fois où des yeux pleins de jugements se posent sur vous lorsque votre bébé pleure dans un lieu public, les regards de certains serveurs lorsque vous arrivez au restaurant avec une poussette, et les critiques de ceux qui se demandent pourquoi vous sortez moins depuis que vous êtes parents.
De toute façon, vous l’avez remarqué ou le remarquerez peut-être. Peu importe ce que vous faites, peu importe comment ou quand vous le faites. Ça n’ira jamais. Il y aura toujours quelqu’un pour vous juger et vous critiquez. Comme si en tant que jeune maman, on ne se mettait pas assez de pression toute seule ! La culpabilité maternelle c’est vicieux, ça remet en doute toute nos qualités. Lorsque j’ai passé ma première nuit à l’hôpital, seule avec ma fille, à côté de mon émerveillement face à cette petite chose, il y avait une montagne de doutes. Je me suis demandée comment j’allais savoir ce dont elle avait besoin si elle se mettait à pleurer. Je me suis même dis que je devais être la pire jeune maman du monde.
Ma culpabilité maternelle avec le recul
Aujourd’hui, Rose a grandi. Elle a vécu des premiers mois (voire une première année) assez chaotique. Entre les reflux, les coliques, les cauchemars dû à son traitement (l’Hémangiol), les muscles lombaires bloqués qui l’empêchait de se servir de son dos même pour apprendre à s’asseoir et qui ont nécessité des séances d’ostéopathie… Nous avons fait tout ce que nous pensions le mieux pour elle, et je pense que nous l’avons bien fait. Malgré tout ça, c’est devenu une petite fille incroyable, drôle, intelligente, forte et avide de découverte. Elle est en bonne santé, apprends à une vitesse folle et rayonne partout où elle passe.
Je me dis que finalement, je n’étais peut-être pas la pire des jeunes mamans et petit à petit, cette culpabilité maternelle s’est estompée. Je ne serais jamais la meilleure des mères non plus. Par contre, je pense savoir de quoi ma fille a besoin, bien plus que toutes ces personnes quelconques croisées dans la rue. Celles qui pensent que leur avis est le bon.
Pour toutes les jeunes mamans, les futures mamans, les peut-être un jour mamans… N’écoutez que les personnes compétentes (et encore, il faut filtrer) et riez au nez de celles qui se pensent meilleures juges pour votre enfant. Riez, même si vous avez envie de pleurer, parce que gâcher votre journée pour ça, ça n’en vaut pas la peine. Il y a peut-être même une chance que ces personnes se sentent un peu ridicules. Ça vaut le coup non ?
Pour finir
On ne peut être toujours sûr de soi, voilà pourquoi il existe des pédiatres, des PMIs (cliquez pour trouver l’aide d’une PMI près de chez vous) ou même des amis et de la famille qui peuvent vous aider. Mais les conseils devraient se cantonner à être donnés lorsqu’ils sont demandés (sauf comportements abusifs envers l’enfant, mais je suppose que si vous lisez ceci, cela ne vous concerne pas). Pour le reste, vous avez appris à vivre avec ce petit être, vous le connaissez mieux que quiconque. Faites-vous confiance et soyez fière de ce que vous faites. Personne ne le sera pour vous.
PS : Merci Nathalie pour tes magnifiques photos <3
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