Le second article m’ayant demandé un temps FOU à publier. Le premier étant celui sur la culpabilité maternelle… celui-ci traitera d’un autre sujet tout aussi sensible à mes yeux : la phobie sociale.
L’anxiété sociale, c’est quoi ?
La phobie sociale (et l’anxiété sociale) c’est ressentir une forte anxiété (logique jusque-là), de l’angoisse lors d’événement nécessitant la socialisation. Cette anxiété pousse la personne à avoir diverses réactions (la plupart du temps non volontaires) telles que l’isolement momentané lors d’un événement, la peur d’être jugé, inhibition, réserve, du stress, une gêne, une « paralysie » lorsque les interactions sociales deviennent trop pesantes. Une envie irrépressible d’écourter les discussions en ne répondant que par de brèves phrases (ou des onomatopées : mmmmh, mof, mouais, hinhin, mwarf…) et en éludant involontairement le renvoi de la question « Et toi / et vous / … » par pure panique ou parce que l’angoisse nous fait oublier les convenances. Également l’impossibilité de se plaindre d’une situation (5 personnes qui nous passent devant à la boulangerie, un moustique dans mes pâtes au restaurant, un mot blessant…). Certaines personnes souffrent à un stade tellement intense qu’elles s’isolent complètement et se coupent de leurs relations.
La différence notable entre l’anxiété sociale et la « personnalité évitante » est que l’anxieux se trouve au centre du problème (il ne rejette pas la faute sur les autres) et aimerait changer.
Comment ça marche ?
Généralement, une personne souffrant d’anxiété sociale aura plus de mal à interagir avec d’autres personnes. Aussi, plus l’événement social comporte de participant, plus l’anxiété est grande et plus il est difficile d’interagir. Si EN PLUS cet événement social est rempli d’inconnus, c’est la fin des haricots : timidité maladive, isolement, carapace, transpiration, coup de chaleur, impression de solitude, détresse. Les symptômes sont nombreux !
Et puis tant qu’on y est
Cet article sur mon site n’est pas anodin : si je me sens capable de m’exprimer sur ce sujet, c’est que je fais partie de cette catégorie. Je vous fais donc un retour d’expérience et ne prétend pas parler au nom de tous.
J’ai ma propre anxiété sociale, qui se traduit par une très grande difficulté à m’exprimer lorsque la pièce compte + de 4 personnes (avant ça va à peu près si je connais bien ces personnes). J’élude certaines questions pour éviter de parler, j’aime écouter les autres, mais pas m’exprimer moi-même. J’aime voir des gens, mais pas beaucoup en même temps. Je suis mal à l’aise lorsqu’il y a du monde quelque part. Je parle tellement doucement que parfois, on ne m’entend pas (handicapant aussi lors des jeux, lorsque je donne une bonne réponse, que personne ne l’a entendu et que quelqu’un donne la réponse après moi 🙄 ), j’ai des coups de chaud quand on m’adresse la parole et je vais jusqu’à faire des malaises lorsqu’il y a vraiment trop de monde. J’ai déjà raté des soirées quand je me sentais trop angoissée pour y aller, j’ai refusé de belles opportunités professionnelles pour les mêmes raisons. J’ai une phobie également du téléphone et mon cœur palpite de façon irraisonnée lorsque je dois écouter un message vocal (et probablement rappeler la personne).
C’est handicapant, désolant et désespérant. On m’a souvent fait remarquer que j’étais impolie, sauvage et même que j’avais l’air de m’en fo*tre des autres… Difficile de tomber si loin de la vérité.
Pour comprendre mieux les personnes souffrant d’anxiété sociale
Les personnes souffrant de phobies sociales ne détestent pas l’univers (enfin parfois, si… mais comme tout le monde). Nous aimons nos amis infiniment et nous aimons par ailleurs toute personne agréable. Le fait d’écourter des conversations, de ne répondre que par de courtes phrases et ne pas poser de question ne veut pas dire que l’on ne s’intéresse pas aux autres. Généralement, quand j’abrège une discussion, je repense après à ce que j’aurais aimé demander. Mais la timidité, le stress et l’angoisse nous empêche d’être « socialement ouvert » et d’agir comme tout le monde. Encore une fois, ce n’est pas que l’on ne vous aime pas.
Introversion
Une autre facette de l’anxiété sociale, l’introversion, donne probablement l’impression qu’on se fiche des autres, que l’on s’ennuie en société : NON. Nous ne sommes simplement pas doués pour faire la conversation à propos de banalité (on aimerait bien). Par contre, nous sommes bien souvent d’une oreille attentive et dévouée. Contrairement aux personnes extraverties qui brillent en soirée, parlent fort, sourient et profitent de leur soirée jusqu’au petit matin, les personnes souffrant d’anxiété sociale ont tendance à préférer les soirées en petit comité et ne finissant par trop tard.
Quand la personne extravertie arrive dans la soirée, elle aura une énergie débordante qu’elle puisera dans la socialisation. Au contraire, l’introverti verra son énergie s’épuiser au fur et à mesure que la soirée avance car faire l’effort de ne pas agir comme un « sauvage » est épuisant et demande beaucoup d’effort. Par contre, on pourra généralement bavarder avec une personne chère jusqu’au matin sans aucun problème.
Petite parenthèse pour ajouter que lorsque l’on souffre d’anxiété sociale, ce n’est pas seulement lors d’événement. Il arrive très régulièrement d’être très angoissé à l’annonce de cet événement, parfois des mois avant.
Comment agir envers les personnes souffrant d’anxiété sociale :
- Déjà ne vous vexez pas ! Sincèrement, on a tendance à s’en vouloir BEAUCOUP d’agir comme ça. Si en plus cela vexe une personne, c’est un peu la double peine.
- Évitez de l’utiliser pour des démonstrations. Exemple : tester un nouvel appareil de musculation / VR / casque de moto / bigoudis / planche à voile (oui, je n’ai que des exemples à la con) en public (même restreint), les jeux de mimes (surtout s’il y a des inconnus), demander de chanter devant des gens (n’y pensez même pas), faire une chorégraphie pour un mariage, aller à une soirée chippendales, tester un nouveau sport collectif… On aura l’impression d’être des monstres de foire.
- Ne nous affichez pas devant tout le monde, c’est déjà parfois une épreuve d’être présent lorsqu’il y a du monde.
- Nous pouvons généralement parler de cette phobie sociale sans problème, si l’on nous le demande avec bienveillance.
- On sera ravi de discuter avec vous de tout et de rien, même si vous n’en avez pas l’impression. Promis. (Mais on aura du mal à lancer la discussion).
- On s’intéresse à vous, même si on ne vous pose pas 1000 questions. Promis.
- Si on vient chez vous, d’autant plus s’il y a DU MONDE, c’est qu’on vous aime beaucoup. Promis. (Ou que vous faites de bonnes choses à manger, mais ça, vous ne le saurez jamais).
Phobie sociale et travail
L’univers du travail peut être compliqué. Il vaut mieux choisir un emploi qui ne nécessite pas de parler devant de grandes assemblées, diriger des réunions ou faire du porte-à-porte ! Ne vous privez pas non plus du travail de vos rêves, une phobie sociale ça se travaille, même si c’est dur. Les entretiens d’embauches sont souvent un calvaire (mais personne n’aime ça, non ?) mais généralement, personne n’en meurt. Le tout est de se préparer : dans le pire des cas, vous recevrez un refus (mais encore une fois, personne n’en meurt) dans le meilleur des cas, le recruteur aura su creuser au-delà de votre coquille. Habituellement, dans les entreprises, une fois les premiers mois passés, l’anxiété retombe. On commence à connaître nos collègues et nos contacts, on s’approprie les locaux et on prend des habitudes rassurantes.
Je me prends comme exemple : en tant que naturopathe, je suis amenée à recevoir les personnes en séance individuelle. C’est une bénédiction car discuter en tête-à-tête est aisé comparé à un auditoire nombreux. Ma capacité d’écoute m’aide également beaucoup dans cette profession.
Comment surmonter sa phobie sociale
Pas de secret, la première chose à faire si cela vous handicape est de commencer une thérapie. Au-delà de la psychologie, vous pouvez vous renseigner aussi sur l’autosuggestion, l’apprentissage de la confiance en soi, l’hypnose, les thérapies de groupes, la gestion du stress… À vous de trouver ce qui vous convient le mieux. Dans tous les cas, si vous sentez que cette phobie sociale prend le pas sur vos relations, vous coupe du monde, réagissez vite. Soyez fort. Vous êtes aimé, vous n’êtes pas seul, vous ne faites honte à personne, vous n’êtes pas ridicule quand vous parlez. Non, on ne vous prend pas pour un idiot, si l’on vous invite quelque part, c’est qu’on ne vous déteste pas. Voir on vous aime bien ! Personne ne vous mangera, vous ne vous humilierez pas… Courage. C’est difficile, ça prend du temps, mais c’est nécessaire. Généralement, avoir de bons amis proches est déjà un début de thérapie. On a tout de même beaucoup moins de mal à discuter avec des gens que l’on aime vraiment. Chérissez-les, faites leur comprendre que vous les aimez, même si vous ne faites pas de grands discours.
Photo by Victoria Palacios on Unsplash
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