Laura
Breiller-Tardy

Comment utiliser la symptothermie

Introduction

La symptothermie est une méthode d’observation naturelle du cycle féminin utilisée généralement comme contraception OU pour concevoir. C’est une approche qui aide à mieux comprendre et accompagner la fertilité.

Les prochains articles développeront chacune des observations pour vous permettre de mettre en place plus efficacement la symptothermie. Cela dit, il peut être une bonne idée de rencontrer un gynécologue ou une sage-femme 👩🏻‍⚕️ formée à cette méthode, pour plus de facilité et d’efficacité.

Qu’est-ce que la symptothermie ?

La symptothermie (ou plus rarement « méthode symptothermique ») repose sur l’observation de plusieurs marqueurs physiologiques du cycle féminin : la température basale au réveil, l’évolution de la glaire cervicale, la position et la fermeté du col de l’utérus. Cette méthode permet d’identifier les périodes de fertilité et d’infertilité au cours d’un cycle. Le but étant : soit d’améliorer ses chances de tomber enceinte, soit au contraire d’éviter une grossesse. Il existe plusieurs méthodes se basant sur la symptothermie, différenciée par les organismes dispensant la formation initiale : Sensiplan®, Cyclamen® (CLER), Sympto®… La méthode Sensiplan® étant à mes yeux la plus répandue.

En naturopathie, elle s’inscrit dans une démarche globale : mieux comprendre le corps, développer l’autonomie et favoriser un cycle en santé.

Je ne la recommande pas à toutes : je ne suis effectivement pas convaincue qu’elle soit la meilleure réponse aux besoins de contraception pour tout le monde et à chaque moment de la vie. Il faut avoir un peu de temps, l’esprit disponible et, je pense, avoir une certaine maturité pour mettre en place la pratique. Surtout les premiers temps.

Par contre, si vous êtes prête à vous y mettre, la symptothermie est un outil très interessant et efficace !

Pourquoi utiliser la symptothermie en naturopathie ?

1

Autonomie et connaissance du corps

La femme apprend à décrypter ses propres signaux de fertilité, ce qui favorise une meilleure connexion à son corps et à ses rythmes.

2

Méthode sans hormones

Contrairement à certaines contraceptions hormonales, la symptothermie respecte le cycle naturel.

3

Soutien à la fertilité ou à la régulation

En fonction de son objectif : concevoir ou avoir une méthode de contraception. La méthode peut être utilisée à des fins différentes.

4

Accompagnement naturopathique possible

Alimentation adaptée, sommeil, gestion du stress, soutien de la fonction hormonale… Ce sont des éléments clés pour que la symptothermie soit fiable.

Les trois piliers de la symptothermie

Température

glaire

cervicale

col de

l’utérus

Les premières documentations de la symptothermie datent de 1965. Elles sont portées par Joseph Rötzer, médecin Autrichien.

La méthode allie 2 observation déjà connues des cycles féminins : étude de la glaire cervicale et du col de l’utérus, ainsi que l’observation de la courbe de température basale (température au repos, au réveil).

1. Température basale

Elle correspond à la température au réveil, prise avant tout mouvement 🥱. En gros, on ouvre les yeux et on prend sa température. Pour la prendre correctement : chaque matin à la même heure, dans les mêmes conditions, avec un thermomètre adapté.
En naturopathie, veillez à ce que les facteurs comme sommeil perturbé, fièvre, alcool ou stress ne faussent pas les mesures.

Pourquoi prendre sa température

Après l’ovulation, sous l’effet de la progestérone, la température monte de façon permanente jusqu’aux règles. L’observation de sa courbe de température, associée aux autres observations (voir plus bas).

2. Glaire cervicale et col de l’utérus

Avant l’ovulation, sous l’effet des œstrogènes, la glaire devient claire, fluide, glissante, parfois extensible 🤌 (texture un peu similaire à du blanc d’œuf). Elle est ainsi pour favoriser la mobilité des spermatozoïdes. Attention à ne pas vous fier seulement à cette observation non plus : dans certains cas, la glaire peut redevenir semblable plus tard dans le cycle, surtout chez les personnes ayant des cycles irréguliers (oligoménorrhée).


Le col de l’utérus, quant à lui, devient plus haut, plus mou et ouvert pendant la période fertile.
Observation régulière : prendre quelques instants chaque jour pour noter l’apparence, la texture et la sensation de la glaire, et éventuellement de la position du col. C’est une observation qui peut paraitre complexe au départ, mais qui avec le temps devient plus intuitive.

3. Trace et interprétation des données

Tenir un graphique ou un carnet de bord 🗓 où sont consignées les données quotidiennes : température, glaire, sensation du col, jours de règles, et autres signes possibles (douleurs ovulatoires, léger pic de libido, etc.).
Après quelques cycles d’observation, les tendances se précisent : vous pourrez repérer le nadir thermique 📈 (température la plus basse juste avant l’ovulation) puis la hausse post-ovulatoire. En attendant, il est plus sage d’utiliser un autre mode de contraception non hormonal en parallèle.

Les études scientifiques disponibles parlent d’un taux d’efficacité élevé (à peu près similaire à la pilule) en « usage parfait », c’est-à-dire avec un bon respect des règles d’utilisation de la symptothermie, cycles réguliers… Mais comme la pilule, un usage approximatif rend l’efficacité moindre.
En naturo, cette traçabilité permet aussi de repérer les déséquilibres hormonaux, les troubles du cycle ou les périodes de stress qui peuvent affecter la fertilité. C’est un outil très utile pour mieux comprendre votre système hormonal.

Comment utiliser la symptothermie, pas à pas

  • Choisir et se former : La symptothermie nécessite rigueur et apprentissage. Elle peut paraitre impressionnante au départ, il faut quelques cycles avant de prendre en main la méthode.
  • Préparer les outils : Thermomètre basal (double décimale possible), carnet ou application de suivi, temps calme le matin pour prise de température.
  • Commencer l’observation : Dès le premier jour des règles, la prise de température 🌡 et l’observation de la glaire peuvent commencer. Noter bien chaque jour.
  • Analyser les données : Identifier la montée de température post-ovulatoire, les jours de glaire « fertile », les variations inhabituelles (stress, fièvre…).
    • Agir selon l’objectif :
      • Si l’objectif est d’éviter une grossesse : abstinence ou usage d’une autre méthode (barrière type préservatif, diaphragme, cape cervicale… voir cet article pour comparer les méthodes de contraception) pendant la période fertile.
      • Si l’objectif est de concevoir : privilégier les rapports durant la fenêtre fertile identifiée.
  • Intégrer un mode de vie sain :
    • Alimentation riche en nutriments favorables à la fonction hormonale (zinc, magnésium, vitamines B).
    • Gestion du stress (méditation, respiration, activité physique modérée).
    • Sommeil régulier 🛌🏽.
    • Soutien du microbiote et de la flore vaginale (dans les limites légales pour un naturopathe).

En naturopathie, on cherche à améliorer l’hygiène de vie afin de promouvoir un fonctionnement sain du corps, système hormonal compris. Avec un système hormonal en bonne santé (SPM absent à léger, ovulation de qualité, cycles réguliers…), la symptothermie est d’autant plus efficace et pertinente.

  • Réévaluer régulièrement : Après 3-6 cycles d’observation, vous avez plus d’autonomie. Vous pouvez alors ajuster la méthode selon vos habitudes (voyages, changements d’horaire, allaitement, préménopause)… tout en restant consistante sur les différents points (heure de prise de température, notation des observations…)
  • Prévoir les exceptions : Fièvre, décalage horaire, insomnie, maladie 🦠, contraception hormonale antérieure, allaitement… Tous ces facteurs nécessitent vigilance ou interruption temporaire de la méthode.

Précautions et limites

Il est essentiel de mentionner que la symptothermie ne convient pas à toutes les femmes, ou pas dans tous les contextes.

  • Cycles très irréguliers : la prédiction de l’ovulation est plus difficile.
  • Contexte de santé particulier : Certaines pathologies hormonales (SOPK, anovulation ou ovulation de mauvaise qualité), traitements ou allaitement peuvent fausser les indicateurs. Une hyperthyroïdie, hypothyroïdie, certaines affections vaginales… peuvent fausser certaines observations.
  • Engagement : La méthode demande rigueur journalière et interprétation correcte. Une erreur d’observation ou d’interprétation peut fausser la fiabilité.
  • Formation : Sans apprentissage adapté et « cycles blancs »*, l’efficacité chute. Les taux d’échec en usage typique sont plus élevés.
    Il est important de bien comprendre la méthode et les risques d’une mauvaise utilisation avant de se lancer.

*J’appelle cycles blancs les premiers cycles d’observation ou vous pourrez « tâtonner » afin d’affiner votre pratique. Il est normal pendant ces cycles de ne pas tout faire parfaitement, et il vaut mieux prévoir un autre méthode de contraception (non hormonale) en parallèle.
J’insiste pour le non hormonal : une contraception hormonale risque fortement de fausser les observations (pas d’ovulation, température plus linéaire…).

Optimisation naturopathique de la méthode

Pour renforcer la fiabilité et le bénéfice global, travaillez si besoin sur les axes suivants :

  • Vérifier l’équilibre de la thyroïde et du foie, car ces organes influencent les cycles hormonaux.
  • Avoir un métabolisme efficace.
  • Encourager une alimentation anti-inflammatoire : légumes colorés, omégas 3, limiter les sucres raffinés…
  • Promouvoir une hydratation adaptée et l’activité physique (yoga, marche, natation, Pilates…) qui soutiennent le système endocrinien.
  • Avoir un bon rythme de vie : éviter les nuits courtes, limiter la consommation d’alcool ou de caféine qui peuvent influencer la température basale ou la glaire. Limiter si possible votre exposition au stress.
  • Favoriser un environnement de repos : chambre fraîche, silencieuse, lever à heure régulière pour prendre la température dans de bonnes conditions.

Photo de Winel Sutanto

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *