Laura
Breiller-Tardy

Le café est-il mauvais pour la santé ?

Beaucoup d’entre vous consomment du café. On entend tout et son contraire sur le sujet ! Très mauvais, à supprimer, encourage le stress ou alors sain et riche en anti-oxydant, protecteur du système cardiovasculaire ?

Faisons le point afin de bien comprendre quand, comment, et pour qui le café peut être un allié santé, mais aussi de repérer les situations avec lesquelles il peut poser problème 🤔. Petite précision, la caféine n’est pas seulement présente dans le café mais également dans le thé (notamment noir ou vert, matcha), le chocolat, les boissons énergétiques…

1. Mécanismes et effets du café sur notre corps ☕️

Le café est une boisson complexe composée de caféine (si vous prenez du café « caféiné »), mais aussi de nombreux composés bioactifs (une centaine sont documentés) tels que les polyphénols (dont l’acide chlorogénique).


Les polyphénols sont connus pour leurs effets antioxydants et anti-inflammatoires, pouvant modifier certains mécanismes métaboliques et hormonaux. L’intérêt du café résiderait dans sa capacité à moduler le métabolisme, la dépense énergétique, et potentiellement la résistance à l’insuline ou l’inflammation chronique.

D’un autre côté, le café pourrait augmenter le taux de cortisol, avoir un effet sur la testostérone, provoquer une élévation du rythme cardiaque 🫀, mais également une baisse d’énergie une fois son pic atteint.

Les bénéfices documentés : quand le café peut aider

Voici certains effets positifs les plus solides suggérés par la littérature scientifique (vous trouverez les sources en bas d’article). Bien entendu, « associer » ne veut pas dire « prouver causalité ». Malgré tout, dans une approche fonctionnelle, ces pistes sont intéressantes.

Réduction possible de la mortalité globale

Des revues d’études montrent que les buveurs modérés de café auraient un risque de décès prématuré plus faible que les non-buveurs. Les populations observées sont donc généralement positivement réceptives à la prise de café. Cependant, il existe aussi une population n’ayant pas une bonne réaction (immédiate et à long terme) à une prise de café. Il est donc important de personnaliser la prise de caféine en prenant en compte différents critères : age, troubles de santé, sommeil, exposition au stress, réaction à la prise de caféine, taux de cortisol, status hormonaux…


Cela suggère que le café pourrait faire partie d’un mode de vie favorable à la longévité, dans le cas où il est bien intégré et associé à une bonne hygiène de vie.

Effets métaboliques : diabète type 2, syndrome métabolique

Une consommation régulière de café a été associée à une diminution du risque de développer un diabète de type 2.
Ce qui peut intéresser en santé hormonale, car la régulation de l’insuline et du métabolisme glucidique est centrale, notamment en cas d’insulinorésistance, de syndrome métabolique ou de SOPK.

Santé cérébrale et neuroprotection

Plusieurs études révèlent que la caféine (thé / café) est associée à un risque réduit de maladies neurodégénératives comme la Maladie de Parkinson ou la Maladie d’Alzheimer.
Cela peut correspondre à un effet protecteur sur le long terme, probablement multifactoriel (caféine + autres composés).

Les risques du café : ce qu’il faut nuancer

Parce que le café n’est pas que protecteur, voici des situations où la prudence s’impose. Notons que certains profils y sont plus sensibles.

Caféine, rythme circadien et sommeil

Une consommation tardive de café peut perturber le rythme veille-sommeil et la production de mélatonine 😵‍💫. Or, pour la santé, un sommeil réparateur est une des clés pour l’équilibre hormonal (cortisol, mélatonine, GH, etc.). Ainsi, prendre du café trop tard peut compromettre cet équilibre.

Une étude récente sur large cohorte montre aussi l’effet néfaste sur la santé (générale, cardiovasculaire…) pour les personnes consommant du café sur l’ensemble de la journée.

« Également, même si le café peut donner l’impression d’un boost d’énergie, l’effet est temporaire. De la même façon que les pics de glycémie finissent par un « sugar crash », l’effet est identique lorsque la courbe d’énergie du café redescend.

On peut finalement ressentir plus de fatigue, des troubles de la concentration, une faiblesse musculaire… C’est là où certaines personnes en prennent un second, puis un troisième… et épuisent leur corps. »

Effets cardiovasculaires et tension artérielle

Chez des sujets sensibles, l’excès de café peut élever la pression artérielle, provoquer des palpitations ou de l’anxiété même avec une consommation raisonnée (1 à 3 café par jour).
Pour une personne avec une dysrégulation hormonale impliquant le cortisol ou le système nerveux sympathique, le café pourrait amplifier le stress physiologique 🤯.

Cholestérol et café non-filtré

Le café non filtré (ex. presse française, café turc) contient des diterpènes (cafestol, kahweol) qui peuvent légèrement augmenter le cholestérol LDL si la consommation de café journalière est élevée
L’effet s’annule après la mise en place d’un filtre pour limiter cet effet chez les personnes à profil dyslipidémique (profil d’acide gras déséquilibré).

Fertilité et pathologies hormonales

En santé hormonale, un excès de café peut aussi influencer le cycle menstruel, l’axe HPA (hypothalamo-hypophyso-surrénalien) ou la thyroïde chez certains individus sensibles. Pour cette dernière, il n’existe pas de consensus : certaines études et revues notent un effet de la caféine sur la santé thyroïdienne, tandis que d’autres montrent un effet protecteur contre le cancer de la thyroïde chez les femmes ménopausées. Enfin, des études n’ont pas trouvé d’effet particulier entre consommation de cafféine (thé ou café) et physiologie de la thyroïde.

Chez les femmes ayant des troubles hormonaux liés au stress, à une élévation du cortisol, une consommation régulière de café pourrait augmenter certains symptômes (SOPK, hypercortisolémie, hyperandrogénie…). Pour ces personnes, la consommation de café (caféine) ☕️ doit être étudiée et modérée.

Caféine et grossesse

Chez la femme enceinte ou qui tente de concevoir, la consommation de café doit être modérée. En effet, des études montrent qu’une consommation de café régulière pendant la grossesse augmenterait le risque de fausse-couche et troubles du développement chez le bébé 🤰.

Effets digestifs, reflux, acidité

Le café est stimulant pour l’estomac et peut-être un facteur d’aggravation du reflux ou des troubles digestifs.
En naturopathie fonctionnelle, on considère toujours la digestion comme pilier : dans un contexte de dysbiose ou hyperacidité, on peut recommander de réduire ou adapter la consommation.

2. Recommandations pratiques en santé hormonale et fonctionnelle

Mes recommandations pour allier caféine (thé matcha, thé vert ou noir, café, cacao…) et santé :

1

Dose modérée

En général, 1 à 3 tasses par jour semblent être la plage où les bénéfices s’observent sans risque majeur chez les adultes en bonne santé. À adapter avec le poids, age, réaction à la caféine…

2

Moment de consommation

Prioriser la consommation avant midi pour éviter la perturbation du rythme circadien et favoriser une meilleure récupération hormonale. Il existe plus de risques avec une consommation étalée sur la journée. Ne pas prendre le café à jeun, surtout chez la femme.

3

Méthode de préparation

Préférer le café filtré plutôt que non filtré pour limiter les effets indésirables sur les lipides.

4

Prise de médicament

Prendre ses médicaments ou compléments alimentaires éloignés de la caféine (sauf indication contraire de votre médecin). Certains médicaments, comme les substituts d’hormones thyroïdiennes, sont moins efficaces avec du café 💊💊.

5

Éviter les grandes quantités

Surtout si tension élevée, troubles de l’anxiété, insomnie, déséquilibre hormonal, envisager de rester à 1 tasse et observer la tolérance.

6

Adapter au profil individuel

En santé globale, chaque personne est unique (axe cortisol, équilibre thyroïdien, sensibilité à la caféine). Il est donc utile d’observer les réactions (sommeil, humeur, digestion, cycles hormonaux…) de chacun.e.

7

Les « extras »

Sucre, crèmes, sirops ajoutés au café peuvent annuler les bénéfices et introduire des charges glycémiques ou inflammatoires. Par ailleurs, la consommation de café peut être associée à la consommation de tabac, ce qui annule une partie des effets bénéfiques et augmente les risques.

8

Décaféiné ou caféine réduite

Pour les personnes sensibles, femmes enceintes, allaitantes, ou présentant des pathologies hormonales, le café décaféiné peut être un bon compromis (il contient encore des polyphénols ) ☕️.

9

Hydratation

Le café ne remplace pas l’eau. Au contraire, il peut même déshydrater. Garder une hydratation suffisante quotidienne aide au métabolisme global et à l’élimination hormonale.

10

Choix du café

Un café bon marché, c’est aussi un concentré de produits chimiques et composés peu sains. Il en est de même pour le thé. Choisissez un thé / café de qualité, biologique.

3. Cas particuliers en santé hormonale

Quelques profils pour lesquels l’ajustement du café est particulièrement utile :

  • Personnes avec syndrome de fatigue surrénalienne ou hypercortisolémie : le café peut stimuler davantage l’axe surrénalien 🥱. Si vous souhaitez vraiment en boire, privilégiez un petit-déjeuner équilibré avec une tasse le matin et pas d’excès.
  • Femmes avec déséquilibre hormonal (SOPK, aménorrhée, troubles thyroïdiens) : Il est nécessaire d’observer l’impact sur le cycle, le stress et le sommeil. Une réduction / suppression peut être bénéfique lors de période de rééquilibrage.
  • Personnes avec troubles digestifs, reflux ou dysbiose intestinale : Effectivement, café acide + stimulation gastrique = possible aggravation.
  • Femmes enceintes ou en projet bébé : limiter la caféine, privilégier des alternatives (tisanes, décoctions, café décaféiné – biologiques)…

Pour ces personnes, encore plus que pour les autres, je conseille plutôt le thé vert, matcha 🍵…

4. Conclusion

Oui : le café n’est pas forcément néfaste pour la santé. Encore plus, il peut être un allié pour votre santé. Toutefois, la condition est qu’il soit consommé de façon modérée, bien intégré à un mode de vie global sain, bien préparé et adapté au profil individuel. Par exemple, trois tasses de café me parait trop pour une personne de 50 / 60 kilos. Il peut aussi être bien d’alterner les jours avec / sans prise.
Il ne s’agit pas de « boire du café pour soigner » mais plutôt de voir le café comme un outil parmi d’autres. Son impact dépendra de la tonalité hormonale, du métabolisme, de l’état digestif, du choix et mode de préparation du produit et également de l’hygiène de vie de la personne.

Quand la tasse du matin s’inscrit dans une routine équilibrée : bon sommeil, alimentation de qualité, activité physique, gestion du stress… Elle peut contribuer à la vitalité. Mais quand elle remplace un petit-déjeuner, est suivie d’additifs sucrés, ou qu’elle devient le seul stimulant pour tenir la journée, alors elle peut devenir un facteur de déséquilibre.

Sources

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