On en parle souvent, la misogynie, le sexisme est partout. Le domaine de la santé est loin d’échapper à la règle : maltraitances gynécologiques, manque d’empathie, manque de recherches et de traitements… ce n’est pas nouveau.
Mais aujourd’hui (une fois de plus) je suis hyper énervée. Pardonnez-moi d’avance mon vocabulaire.
Je replace rapidement le contexte
Je fais des recherches sur les nouveautés en termes d’études sur certains phénomènes hormonaux chez la femme. Voyez plutôt.
Page Wikipédia de l’hormone lutéinisante (LH) :
- Action sur l’homme (1 seule chose) : stimule la production de testostérone.
- Action sur la femme : plein de choses liées aux cycles et à l’ovulation : ovulation, maturation folliculaire, production d’autres hormones…
Hyperactivité de la LH :
- Chez l’homme : 11 lignes sur la testostérone et blablabla… 🙄 Parce qu’elle est siiiiii importante cette testostérone pour faire de VRAIS BONHOMMES. On détaille, on explique, on crée des liens de cause à effet.
- Chez la femme : « L’hyperactivité chez la femme n’existe pas, sauf certaines pathologies génétiques très rares, généralement associés à des cas d’infertilité ». Une seule ligne.
1) On ne nomme pas les pathologies, les risques, les effets… puisqu’on s’en fout.
2) C’EST FAUX : une part importante de la population féminine, notamment des femmes souffrant du SOPK (entre 5 et 20% de la population féminine) ont une surproduction de LH.
Bon.
Et je pars voir la page Wiki sur la testostérone.
Chez l’homme, on sait ce qu’elle fait, pas de soucis. On sait aussi ce qu’elle fait quand sa production baisse.
Chez la femme : le seul phénomène observé par l’auteur de la page / du paragraphe, est une baisse de la libido. « L’effet sur la baisse de la libido est très controversé ». RIEN D’AUTRE. Juste cette baisse de libido chez la femme qui peut probablement perturber la petite vie tranquille de Jean-Roger.
Saviez-vous qu’un faible taux de testostérone chez la femme entraîne des risques d’ostéoporose, de problèmes cardiaques, de diminution importante de la masse musculaire malgré le maintien de l’activité physique, une prise de poids inexpliquée sans changement sur le régime alimentaire, des risques accrus de démence avec la vieillesse ?
Mais non, sur Wikipédia, on n’en parle pas. Parce que les femmes, ce n’est pas super intéressant. Ce genre de « tri » de l’information est dangereux. Une femme souffrant d’un déficit en testostérone voyant qu’il n’y a pas de risque sur sa santé laissera ce déficit faire son travail petit à petit, là où il aurait pu être corrigé pour limiter les effets sur le corps. Des effets qui peuvent être graves.
Attention, je suis consciente que la plateforme Wiki n’y est pour rien dans l’histoire et que les articles sont rédigés par des personnes telles que vous et moi, compétentes dans le domaine en question.
Enfin, je poursuis mon chemin et arrive sur une page sportive dont je tairais le nom.
Cette page recense une bonne partie des effets de la testostérone chez la femme. Encore une fois, elle est primordiale dans bon nombre de fonctions. Cardiovasculaire, ostéoarticulaire, gestion du poids, capacités cognitives et démence, libido… En termes d’information vulgarisée, on est pas mal.
Et à la fin de cet article, voilà ce que je lis :
« Et oui messieurs, la testostérone est la clé qui transforme votre partenaire en bombe sexuelle. Sans elle, votre femme devient frigide et adieu les parties de jambes en l’air. Cette substance n’est pas bénéfique seulement pour vous, elle l’est aussi pour les minettes. »
Donc tout ce qu’on retient des effets de la testostérone chez la femme, (pardon, chez les minettes…) C’est que sans elle, madame n’est plus hyper-bonasse ? Vous auriez un sac à vomi s’il vous plait ?
Et sinon, combien d’entre nous n’ont jamais vu d’image d’anatomie féminine ? Je veux dire, la totale avec la poitrine comme sur l’image plus haut ?
Combien de femmes vont chez le gynécologue / médecin et ne se sentent pas écoutées (mais ne changent pas de praticien pour autant, on nous a bien appris à nous taire pendant si longtemps) ? Combien abandonnent tout simplement le suivi ? Il s’agirait de 20% des personnes menstruées.
Combien de femmes prennent des traitements pour cacher les symptômes de troubles hormonaux durant des années pour se rendre compte, 10 ans après, que ces produits sont dangereux et qu’il faut les arrêter immédiatement ? J’ai malheureusement ce genre de cas de figure en consultation et il s’agit souvent de femmes complètement perdues à qui l’on ne propose plus de solution.
Mais dans le domaine de la santé naturelle, c’est mieux !
Alors oui, lorsque l’on se tourne vers la santé naturelle, on a tendance à trouver des thérapeutes un peu plus à l’écoute. Les médecines douces regroupent pas mal de personnes bienveillantes, ouvertes sur le féminisme et aux idées non arriérées.
Mais (parce qu’il y a toujours un MAIS), comme dans tous milieux, il y a des c**s partout. J’ai plusieurs exemples en tête de naturopathes hyper-sexistes, fermés d’esprit et/ou condescendants. Il s’agit d’hommes ici, mais je suis sûre qu’en creusant un peu, on peut trouver ce genre de personnes chez les praticiennes de santé naturelles.
Vous voyez, le genre de personnes qui produisent du contenu « santé » (naturopathe, nutritionniste…) pour tous, mais qui ciblent les femmes dès qu’on parle d’astuces beauté naturelles ? Avec des hashtags évidemment pour attirer la femelle : #naturalbeauty #tutobeauté #nomakeup évidemment, même si le post n’a rien à voir avec le maquillage ou les tutos beauté et qu’on parle seulement de santé.
Et ne vous avisez pas de leur faire remarquer très poliment que ce n’est pas très adapté, car vous l’avez braqué à vie. Il viendra vous attaquer (lui et toute sa bande de mâles qu’il a rameuté) tous crocs sortis et vulgarité incluse, parce que l’extrémiste féministe que vous êtes a contribué à créer le monde d’aujourd’hui. Celui où « on ne peut plus rien dire » ni draguer dans la rue. Le monde des « faux débats » sur le sexisme et le racisme (très présent aussi dans l’univers de la santé). Bref, vous n’avez qu’à fermer votre g***le.
Zéro remise en question, aucune bienveillance, même l’éducation est absente. Non, on n’est pas féministe parce que l’on baigne dans le développement personnel ou les médecines douces. Mais malheureusement, ça peut être une couverture afin de se dédouaner de tels comportements putrides.
Bref, santé et misogynie : à quand la fin
Quand pourra-t-on avoir une équité claire, notamment dans un domaine aussi important que la santé ? Du personnel soignant formé aux bonnes pratiques ? Et le temps et le personnel suffisant pour les mettre en place ? Quand va-t-on arrêter de minimiser les ressentis, d’être méprisant, indifférent aux souffrances ressenties par les femmes ? Quand va-t-on mettre en place des solutions non iatrogènes adaptées aux femmes et à leurs troubles (autre que pilule, Androcur… je veux dire) et s’intéresser au réel problème et aux risques ?
J’aimerais conclure en partageant avec vous ce site, que vous connaissez peut-être déjà : Gyn&co.
Il s’agit d’un site recensant des soignant(e)s féministes afin de trouver un interlocuteur bienveillant. Vous pouvez faire des recherches par villes ou par problématique : pose de DIU aux primipares, LGBTQIA+ friendly, « Fat-friendly »… Le site est gratuit et il vous est possible de proposer vous-même des soignants si vous estimez que cette personne répond à ces critères d’ouverture.
Sur ce, je vais aller respirer un coup dans un flacon d’huile essentielle de mandarine. Belle journée 🙂 !
Crédit photo : par kjpargeter
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