Le manque d’appétit est un phénomène courant et souvent multifactoriel. Si les facteurs psychologiques (comme le stress ou la dépression) sont habituellement évoqués, les causes physiologiques jouent un rôle tout aussi important.

Les causes possibles d’un manque d’appétit

Troubles du système digestif

Système digestif surchargé ou dysfonctionnel : Les problèmes comme les ballonnements, les reflux acides ou une digestion lente (dyspepsie) sont des freins naturels à l’appétit.

Pathologies inflammatoires digestives : Comme le syndrome de l’intestin irritable (SII), la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse peuvent entraîner une perte d’appétit, souvent en raison de douleurs abdominales ou de nausées associées. Parfois encore, les personnes atteintes peuvent avoir peur de manger de crainte de déclencher une crise. Si vous avez une muqueuse intestinale inflammée, je vous conseille cet article.

Manque d’enzymes digestives ou de bile (produite par le foie) peuvent entraîner une mauvaise digestion des aliments. Cela provoque une sensation de lourdeur après les repas, décourageant l’envie de manger. La digestion peut aussi être très longue et s’étaler jusqu’au repas suivant. Dans ce cas, la faim ne sera pas au rendez-vous.

Déséquilibres hormonaux

Les hormones comme la ghréline (hormone de la faim) et la leptine (hormone de la satiété) jouent un rôle clé dans la régulation de l’appétit. Un déséquilibre de ces hormones, causé par un stress chronique 🫨, un sommeil insuffisant ou des variations de poids, peut réduire la sensation de faim. Certaines personnes sont par ailleurs touchées par des dysmorphismes génétiques qui perturbent la production de ces hormones. Elles peuvent ainsi avoir tout le temps faim (si le corps ne produit pas ou peu de leptine) ou n’avoir jamais faim (si le corps ne produit pas ou peu de ghréline ou trop de leptine).

Un ralentissement de la glande thyroïde (hypothyroïdie) ralentit également le métabolisme. Ce ralentissement peut s’accompagner d’un appétit diminué, car le corps réduit ses besoins énergétiques. La personne peut toutefois souffrir de pulsions sucrées (sugar craving), même avec une hypothyroïdie.

Enfin, les variations hormonales, notamment celles liées aux cycles menstruels, à la grossesse ou à la ménopause, peuvent temporairement influencer l’appétit. Par exemple, une baisse d’œstrogènes peut réduire l’envie de manger. Au contraire, certaines femmes en hyperœstrogénie (relative ou non) peuvent être amenée à avoir plus d’appétit et d’envies sucrées / grasses.

Maladies aiguës et chroniques

Lors d’une infection (grippe, gastro-entérite, etc.), le système immunitaire mobilise toute l’énergie du corps pour combattre les agents pathogènes. En conséquence, l’appétit peut réduire temporairement. Si cela dur plusieurs jours après la guérison, ce n’est pas normal.

Certaines maladies chroniques, comme les insuffisances rénale ou hépatique, peuvent altérer le métabolisme et réduire l’envie de manger. De même, les cancers, en raison de la libération de certaines substances inflammatoires par les cellules tumorales, peuvent entraîner une perte d’appétit.

Un manque de certains micronutriments essentiels (fer, zinc, magnésium, etc.) peut perturber l’appétit. Par exemple, une carence en zinc à long terme affecte directement la croissance des papilles gustatives. Cela est rare, mais peut diminuer le plaisir de se nourrir !

Effets secondaires de médicaments

De nombreux traitements médicaux 💊 peuvent provoquer une diminution de l’appétit en perturbant les fonctions physiologiques ou en provoquant des effets secondaires désagréables. Parmi eux :

• Les antidépresseurs
• Les antibiotiques
• Les traitements de chimiothérapie
• Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Ces effets secondaires sont souvent réversibles à l’arrêt du traitement, mais peuvent nécessiter un ajustement si la perte d’appétit persiste. Dans tous les cas, n’arrêter pas votre traitement d’un coup et sans en avoir parlé avec votre médecin.

Troubles métaboliques

Un diabète mal équilibré, notamment en cas d’hyperglycémie prolongée, peut perturber les signaux de faim.

Lorsque les glandes surrénales ne produisent pas suffisamment de cortisol, l’énergie globale de l’organisme est réduite, ce qui peut entraîner une perte d’appétit.

Vieillissement et perte de sensations

Avec l’âge, certaines fonctions sensorielles comme le goût et l’odorat peuvent s’atténuer, rendant les repas moins attrayants. De plus, une digestion plus lente, une bouche en mauvaise santé (perte de dents, prothèse pas adaptée…) et des besoins énergétiques réduits peuvent aussi abaisser considérablement l’appétit chez les personnes âgées.

Déséquilibres du microbiote intestinal

La flore intestinale, cet ensemble de micro-organismes qui peuplent nos intestins, joue un rôle clé dans la régulation de l’appétit. Un déséquilibre (dysbiose) 🦠 peut provoquer des nausées, des ballonnements et une perte d’envie de manger.

Les différents types de dérèglement du microbiote peuvent affecter la digestion, l’appétit, la santé générale. Parmi eux :

• SIBO (infection bactérienne) : E.coli, Helicobacter pylori…
• SIFO (infection fongique) comme le candida albicans
• Infections parasitaires : Blastocystis hominis, Giardiase…
• …

Ils peuvent être liés à une infection de longue durée, à une mauvaise hygiène de vie, à la prise d’antibiotiques, à une inflammation… Parfois, ils se résolvent d’eux-mêmes. D’autres fois, il y a un long travail à faire pour rétablir une flore saine.

Comment réagir face à un manque d’appétit ?

Si vous souffrez d’un manque d’appétit prolongé, voici quelques pistes naturelles, en parallèle d’une recherche de la cause du trouble :

1. Favorisez une alimentation légère et digeste, comme des soupes, bouillons ou smoothies riches en nutriments.
2. Stimulez votre appétit avec des plantes comme le fenugrec ou des épices telles que le gingembre et le curcuma.
3. Soutenez votre digestion grâce à des infusions de menthe poivrée, de fenouil ou de camomille.
4. Pratiquez la relaxation, comme la cohérence cardiaque, pour réduire le stress et soutenir un meilleur équilibre hormonal. Une séance avant le repas peut aider à décontracter le diaphragme et soulager le stress.

Si malgré tout, le manque d’appétit persiste, il est essentiel de consulter un professionnel de santé pour un diagnostic précis et un accompagnement adapté.

Sources

Photo de Dominik Martin